mercredi 21 octobre 2009

ZINE EL ABIDINE BEN ALI , PRESIDENT DE L’EXCELLENCE.

Mokis 3 ( suite ) le 21/ 10/2009
ZINE EL ABIDINE BEN ALI , PRESIDENT DE L’EXCELLENCE.
En dissertant sur les effets collatéraux de l’avortement de la fusion avec notre voisin du Sud-Est : la Lybie, le 12 janvier 1974, j’ai eu la chance de vivre ceci de l’intérieur. Grâce à mes accointances politiques avec si Med Masmoudi, un francophile, ami de De Gaulle, reconverti, sur le tard, aux exigences géostratégiques de la sous-région du nord du continent africain, la manne d’or noir et les cataclysmes du Moyen-Orient où le minuscule Etat sioniste faisait la loi, et semait la terreur.
Masmoudi qui était l’un des poids lourds du gouvernement Nouira (après les années de plomb du socialisme sauvage de A.Ben Salah ) avait tissé de très bons rapports avec les pays de golf et le géant aux pieds d’argile, l’Algérie socialiste, notre voisin de l’ouest, dirigée à la cubaine de Fidel Castro, par Haouari Boumedienne et son homologue Abdelaziz Bouteflika, dix ans patron de la diplomatie de son pays. Il avait convaincu Bourguiba de l’impérieuse ’’ Realpolitik ‘’ de s’allier à l’imprévisible colonel Gadafi pour s’octroyer un strapontin chez les producteurs du pétrole, notamment après la première crise de l’énergie initiée par le roi Fayçal et l’auteur de la révolution du 1er septembre 1969 (Tripoli).
La cascade d’événements non programmés entre Tunis et Tripoli aura été un tournant dan les relations entre le Machrek et le Maghreb que certains dirigeants arabes n’eussent pu appréhender l’impact .
Bourguiba, tiraillé entre son passé de franc-maçon pro américains francophile jusqu’à la moelle et son allergie du communisme envahissant de l’URSS, fut mis au pied du mur pour chercher alliance avec le diable ou son cousin et s’afficher en bon samaritain qui serait en passe de distribuer de l’or noir qu’il n’avait pas à ses amis naturels : les Français, les italiens, les allemands …
Rappelons nous les généreuses promesses de garantir un hiver chaud à G.Pompidou, Willy Brandt … ainsi qu’à l’Afrique occidentale pour se faire sermonner, en transitant par Alger, par le fougueux et arrogant Boumedien.
Le leader Tunisien, accusa le coup mais dopé par son ambition paranoïaque de se frayer une place parmi les gros bonnets de l’OPEP, effectua un spectaculaire changement de cap .
Après avoir refusé la fusion avec son voisin de l’ouest qu’il jugeât trop grand et trop envahissant ? il aura cédé aux sirènes de Masmoudi et autres collaborateurs pro unionistes pour opter pour le voisin du Sud-est (Lybie).
Quoique sceptique et allergique au pro nassérisme de Gadafi, l’immense richesse en or noir et en gaz naturel de la Lybie, peu peuplée, le tiers de la population tunisienne, l’inquiétait moins que l’Algérie. En fin stratège politique, le chef d’Etat tunisien aurait cru avoir rêvé de la sagesse du philosophe Philippe Sollers (20ém siècle) pour caresser la fascinante espérance de : « celui qui parvient à la grande destinée s’adapte , mais celui qui ne saisit que sa petite destinée la subit » .
A 32 ans, c’était ma première mise dans le bain, au gotha du monde politique en m’initiant à côtoyer les grands dirigeants du 3e tiers du 20e siècle !
Ayant cru à la viabilité et aux perspectives que pourraient générer cette fusion tuniso-lybienne ( la République Arabe Islamique ) qui basculait du beau bébé promis à un bel avenir au mort né en quelques jours de tractations et de coups de théâtre « Kafkaéens » et surréalistes.
Je me suis fait brûler les ailes par le dernier carré des faucons, voire des vautours de « l’etablishment politique » et familial de Bourguiba.
Grâce à un coup de pouce de Masmoudi dont je suis reconnaissant à ce jour et un flair politique aiguisés , ainsi qu’à l’influence de l’enrichissante formation que j’ai pu acquérir dans un temps record à Bonn ( capitale de la RFA) , j’ai pu exploiter à 100% par pure coïncidence , de me trouver au bureau du chef de la diplomatie tunisienne à la Kasba , lorsque Mr.Masmoudi , à peine rentré d’un long périple en Afrique sub-saharienne qu’il eût été mandaté par son président de fixer, avec célérité , une rencontre avec Gadafi .
Désarçonné par ce que je venais d’apprendre , je ne cachais pas mon pressentiment que quelque chose d’historique serait dans l’air .
Heureux et serein , Masmoudi me conseilla de prendre le premier avion pour l’île de Jerba .
C’était le mercredi 9 janvier 1974 . Il m’apporta d’autres éclairages en précisant que le lendemain Jeudi 10 janvier , je devrais l’accueillir en compagnie de Si Hassen Belkhoja (PDG STB), à l’aéroport de l’île des Lotophages .
En m’installant à Dar Jerba je fus sidéré et intrigué par le nombre des officiers lybiens, notamment les cadres de la sécurité et de l’armée qui investirent les lieux .
Les 5 ou 6 jours que j’ai vécus entre Jerba et Zouara à 60 km de Ras-Jdir au sud-est des frontières devenues caduques avec l’avènement de la RAI seraient narrés ultérieurement , dans le menu détail.
Ce fut tout simplement poignant et mémorable , d’autant plus que mon entretien en tête-à-tête avec le colonel lybien, pendant plus de 4 heures à l’hôtel Ulysse aurait pu déclencher un autre tournant dans ma carrière politique .
Le colonel gadafi qui a mon âge (natifs de 1941) m’avait fasciné, tellement nos atomes crochus mutuels furent en pleine harmonie .
Epousant les mêmes convictions politiques et les mêmes approches sur les projections unionistes nous avions pu disserter, longuement , sur l’avenir de la RAI .
C’est à partir de cette plate-forme idéologique que , malgré la rétraction de Bourguiba , bluffé par Boumediene ainsi que par ces alliés de l’occident et l’hostilité doublement agissante de la ‘’Majda Wassila’’ et de son premier ministre Hedi Nouira, en visite chez le chah d’Iran , rentrés , en catastrophe , de Paris et de Téhéran ,pour torpiller la RAI auprès de Bourguiba .
Réalisant le scoop le plus retentissant de ma vie journalistique avec une interview de Gadafi pour la voix de Allemagne ‘’Deutsche Welle’’ diffusée en 33 langues . En outre , dés mon retour à Bonn , j’étais mandaté par l’office fédéral de la presse et par l’université de Bonn où mon directeur de thèse et doyen de la fac’ des Lettres Romanes, Prof.Dr W Dieter LANGE de sillonner les villes universitaires de la RFA (Heidelberg, Munich,Hambourg etc….)
pour animé des conférences-débats , un semestre durant , sur la personnalité de Gadafi. Je crois avoir eu un franc succès médiatique auprès de l’intelligentsia d’outre-rhin, ainsi qu’auprès des milieux académiques d’autant plus que mes exposés fussent tenus dans la langue de Goethe . Hélas mon tableau de chasse très performant avec les allemands m’avait causé énormément de difficultés avec les hauts-responsables tunisiens qui voulaient gommer cette parenthèse de la RAI à Jerba de leur mémoire collective , soit par hypocrisie opportuniste , soit par calculs politiciens pour plaire au prince et protéger leurs intérêts égoïstes .
Poussant le bouchon très loin , lors de la mission des hauts-cadres de L’ONOU , lorsqu’en ma qualité de président de l’UGET en RFA , j’avais convaincu de nombreux étudiants à venir plaider leur cause pour l’octroi d’une bourse tunisienne auprès du ministère de l’enseignement sup’ .
Rassemblés des points cardinaux de la RFA , la Suisse et l’Autriche , le conseiller culturel de l’ambassade à Bonn Ridhat Hamada et l’inamovible Hamadi Moatemri , responsable des bourses d’études 30 ans durant , étaient impressionnés par le succès de cette mobilisation estudiantine à Koeln .
Pris dans le piège de leur révéler certaines exclusivités sur l’affaire de Jerba et la nébuleuse ayant fait échouer la RAI , les débats ont débordé des sujets classiques des bourses pour déboucher sur des thèmes très sensibles , gravitant autour du mélodrame de Jerba .
Les envoyés de Tunis pour amadouer des étudiants ayant coupé le lien ombilical avec la mère-patrie
avaient su manœuvrer pour distribuer plus d’une quarantaine de bourses de 3è cycle .
Pressé par l’assistance de leur révéler certaines informations sur la RAI proclamée avec fracas puis enterrer quelques jours plus tard ,je ne pouvais , nullement , esquivais le sujet puisque l’interview de Gadafi diffusée à plusieurs reprises dans les medias germaniques fut leur toile de fond pour me donner du fil à retordre et m’obliger à prendre position sur un sujet à hauts risques .
Conditionné et fortement motivé par le haut niveau des débats je n’avais pu éviter de confesser mes pronostics sur les retombées de cette fusion avec la Lybie.
Mes extrapolations sur le cheminement de la Tunisie après cette blessure contractée le 12 janvier 1974 , eurent le déclic de me lancer dans des prémonitions et des prospectives prophétiques sur le paysage politique de notre pays dans les 30 ans à venir .
C’est ainsi que galvanisé par l’ambiance bon enfant de ce meeting , j’annonçais , tout crument et dans un état second , que le successeur de Bourguiba à la tête de l’Etat tunisien serait Mr. Zine El Abidine Ben Ali ! Ebranlés par ce dérapage oral sur une prospective ‘top secret’ que j’aurais dû ne pas dévoiler si tôt et dans de pareilles circonstances .
J’avais traîné cette vision des faits politiques de notre pays comme un boulet de canon, sur plusieurs années. Mes ennemis politiques et mes détracteurs eurent la malveillance de retourner cette prophétie contre ma personne pour s’ingénier à m’achever et à me créer de nombreuses inimités.
Je n’arrivais pas à me débarrasser de ce boomerang aux effets collatéraux énormes .
En effet, plus j’avançais des faits croustillants sur la déclaration de Jerba du 12/01/1974 , plus les étudiants Tun’ qui étaient fort politisés ,à l’époque, me poussérent à révéler d’autres détails plus tonique et plus inédits . Des questions fusaient de tout bord dont la plupart étaient loin d’être innocentes . Trahi par ma spontanéité, ma franchise et mon art de la répartie , je mettais le pied dans le plat .Répondant à un questionnement sur l’avenir de la Tunisie , devant ce blocage politique et le peu de souci que faisait Bourguiba de la démocratie de son système du parti unique et inique !.
Je proclamais , solennellement , devant un auditoire silencieux et fasciné : ‘’ je suis , profondément persuadé que le successeur de combattant suprême à la tête de la Tunisie ne pourrait être que Zine el Abidine Be Ali !’’..
Et de renchérir :’’je ne vois aucun autre que lui de pouvoir postuler à la magistrature suprême ‘’.
Ebranlés par ces diagnostics qui pourraient relever de la métaphysique visionnaire difficiles à argumenter, ou à expliquer scientifiquement . J’enfonçais le clou et je prenais d’autres risques .
Ce pavé jeté dans la mare des envoyés spéciaux du gouvernement tunisien, m’avaient coûté trop cher . Nonobstant l’amitié séculaire qui me lie à Moatemri ainsi que le respect que me vouent ses deux compagnons , il eusse été suicidaire pour ces hauts-fonctionnaires de ne pas évoquer mes réflexions dans leurs rapport de mission et mes prophéties sur la succession de Bourguiba , non pas parmi les notables du sérail mais , comme à la bonne heure , au profit de Zine El Abidine Ben Ali ,bâtisseur de la Tunisie de renouveau , depuis l’aube du samedi 7 Novembre 1987 ( soit 32 ans plus tard) .
Je ne réalisais pas , à chaud , l’énormité de la bourde commise une certaine soirée de février 1974 à l’Ecole sup’ du sport de koeln ‘’DSHK’’, de réputation mondiale.
Quelques jours plus tard en rentrant à Tunis ,en mission pour la radio allemande –DW- j’avais été choqué de me faire déposséder de mon passeport à mon arrivée .
La police des frontières me pria d’aller le récupérer, le lendemain , chez le Secrétaire d’Etat de la sécurité . Une mission-éclair de 3 jours s’éternisa à 20 , avec des va-et-vient chez le ministre de l’intérieur qui, quoique considéré comme l’un de mes amis m’en voulait à mort pour avoir commis l’indélicatesse de ne pas parier sur ses chances d’être un potentiel présidentiable !
A suivre….

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